Un film à voir " la zone d’intérêt"

Un film à voir " la zone d'intérêt"

A propos d’un film à voir " la zone d’intérêt"- "La zona d’interesse"- "The zone of interest" Le film de Jonathan Glazer

Ce film de Jonathan Glazer, Grand Prix spécial du Jury au festival de Cannes 2023, sorti fin février dernier sur les écrans italiens, vient d’être récompensé aux USA par l’Oscar du meilleur film étranger.

Le scénario s’inspire du roman de Martin Amis, et le film nous plonge dans le quotidien d’une famille allemande, dans un pavillon coquet avec un jardin où le soleil règne sur les floraisons, et les jeux des enfants blonds. La rivière offre sa fraîcheur aux parties de pêche, aux promenades en bateau, et l’exubérance de la belle saison accompagne les chevauchées complices du père et de son grand fils.
Mais cette famille, c’est celle de Rudolph Höss, le commandant du camp d’Auschwitz, et la toile de fond de cette vie, c’est le mur immense qui longe le jardin, ce mur que la caméra ne franchira pas.
Ces apparences idylliques sont traversées par d’imperceptibles fissures, tout comme l’écran, que traverse à chaque scène un jeune doberman vif et vigoureux, un bel animal omniprésent, et sympathique en somme, le chien de la famille, au pelage aussi noir que sont blanches les tenues de son maître quand il ne porte pas son uniforme de commandant du camp.
L’épouse du commandant (exceptionnelle Sandra Hüller) règne satisfaite sur cet Éden et sur la maisonnée, cinq enfants à élever, jeunesse hitlérienne en devenir, servie par une domesticité docile et résignée.

Aucune arrière-pensée, aucun doute n’effleure cette femme qui jouit des privilèges que lui procure la carrière de son mari, même quand il s’agit d’une somptueuse fourrure arrivée du camp, dont l’ourlet recèle des diamants.
Les fissures vont s’élargir au fil de la narration.
Du camp si proche, on ne verra qu’un mur infranchissable, un mirador et, plus haute encore, la cheminée et son panache de cendres grises que le vent disperse sur la maison, le jardin et les alentours.
Ce que l’image ne montre pas est révélé par la bande sonore, bruit de fond qui s’amplifie jusqu’à l’intolérable, les coups et les tirs, les ordres hurlés, et ce contraste avec le bel été est une source d’horreur d’une redoutable efficacité.
Et tout au long du film, les pleurs incessants, obsédants, du petit dernier de la famille, un bébé de quelques mois.

"Il y a deux films en un, celui qu’on regarde et celui qu’on entend" Jonathan Glazer

Ce film terrible est un chef d’œuvre, où la banalité du mal s’étale comme un déjeuner sur l’herbe au grand soleil à deux pas des miradors et des barbelés.

Texte de Nicole Allegra

Je vous conseille de voir la vidéo de présentation qui est sur le site d’allociné https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=266159.html