La Trinité-des-Monts

La Trinité-des-Monts

La Trinité-des- Monts

“Il n’est pas dans tout Rome d’endroit plus plaisant” (Non est in tota laetior urbe locus).

Devise parfaitement réaliste qui se trouve sur la porte de la bibliothèque. Située aux flancs du Pincio et bâtie sur des fondations antiques, l’église de la Trinité-des-Monts, avec ses clochers, son couvent et ses terrasses, surplombe toute la ville de Rome.

Alors montons le célèbre escalier de la Trinité-des-Monts (137 marches !), à volée double qui relie la place d’Espagne à l’église de la Trinité : spectacle scénographique.
Son histoire :

Elle est considérée “L’église romaine des Rois de France”

  • L’Ordre des Minimes 1494-1798

En 1495, c’est le Roi Charles VIII de France qui fit construire un monastère pour accueillir les Frères français de l’Ordre des Minimes en reconnaissance de l’assistance spirituelle que St François de Paule, leur fondateur, avait fourni à son père Louis XI. A partir de là, les travaux se pousuivent pendant tout le XVI°.
En 1550, des cardinaux français, à leurs propres frais, firent construire une grande partie du cloître, ainsi qu’un couvent plus grand. Les Frères Minimes seront dispercés par les révolutions.

  • Les Soeurs du Sacré-Coeur 1828-2006

Les religieuses du Sacré Coeur remplacent les Minimes et fondèrent l’Institut d’enseignement de la Trinité-des-Monts à savoir d’éducation italienne avec l’enseignement du français dispensé à tous les niveaux. Création aussi de la “Petite Ecole” maternelle française.

  • Les Fraternités monastiques de Jérusalem 2006-2016
  • La Communauté de l’Emmanuel depuis 2016

Son église : Elle est typiquement française et il fallut un siècle pour la réaliser !

La partie la plus antique est en style gothique, couverte d’une voûte à croix ogivale et fut construite avec les pierres de la région de Narbonne entre 1502 et 1519.

Vers la fin du XVI°, on ajouta à la nef gothique un nouveau corps de bâtiment couvert d’une voûte en berceau fermé par une façade orné de deux clochers symétriques (de Giacomo della Porta et Carlo Maderno). Sur les deux clochers se trouvent une horloge et un cadran solaire qui indiqueraient respectivement les heures de Rome et de Paris.
L’intérieur de l’église est une nef unique avec des chapelles latérales ornées d’œuvres d’art du maniérisme romain appartenant à des familles célèbres comme celle par exemple de Lucrezia della Rovere avec une Assomption de Volterra, élève de Michelangelo ou la chapelle Bonfil avec la déposition de croix également de Volterra.

Devant l’église, trône un obélisque de 14 m de haut en granit rouge. La pierre provient d’Assouan mais les hiéroglyphes ont été gravés par des artistes romains… donc n’essayez pas d’en faire une traduction !

  • Sur la droite, le Couvent  :

Il a été fondé par François de Paule avec le financement de la couronne royale de France. Il contient de nombreuses œuvres iconographiques de ses fondateurs minimes, qui témoignent leur haut niveau scientifique :

  • Deux anamorphoses de 1642 (Anamorphose : fresque qui, grâce à un effet optique surprenant, change son aspect selon l’endroit où l’on se trouve : Saint François en prière sous un arbre mais si on est en face, on observe paysage)
  • Un astrolabe (horloge solaire)
  • La “chambre du perroquet”
  • La bibliothèque
  • La fresque de la “Mater Admirabilis”
  • Et surtout le réfectoire du Frère jésuite Andrea pozzo, maître du trompe-l’oeil. et les fameuses "Noces de Cana".
  • Dans le cloître, on peut admirer des fresques merveilleuses à l’image du Saint fondateur et sur les voûtes les portraits des soixante-dix Rois de France.

Il faut rappeler aussi la Casa San Giuseppe, édifice du XVII°, qui accueille les personnes pour vacances ou les pèlerins, principalement de langue française.

Petite anecdote : la charge de son entretien revient à Etat français et Claude le Lorrain y a été enterré.

Et revenons-en au fameux escalier !

Il n’a pas toujours existé. Il fallait trouver une solution pour relier l’église au centre de Rome.
Les rois de France et les Papes ont discuté pendant plus d’un siècle sur l’argument ! L’escalier a été réalisé grâce aux financements français.

Petite histoire amusante !

Envoyé par Mazarin, Monsignore Elpidio Benedetti montra au Pape Alessandro VII un projet que les français étaient disposés à financer. Comme seul inconvénient pour le Pape, il était prévu de placer une grande statue équestre du Roi Louis XIV ! Ce n’est qu’à la mort du Roi que les rapports avec la France s’améliorèrent ! Et le projet de l’escalier fut présenté par un concours en 1717 !

Texte de Marion Simprez