L’Académie de France

L'Académie de France

L’Académie de France, ce n’est pas seulement Villa Médicis mais 350 ans d’histoire !

Rome Accueil a la chance, comme chaque année, d’être accueillie à Villa Medicis pour son Grand Café de Rentrée 2022.

L’Académie de France à Rome, créée par Colbert, déménagea à quatre reprises dans la capitale italienne avant de s’établir durablement le 8 mai 1803 sur la colline du Pincio.
Dès lors le nom de l’Académie se confond avec celui du palais qui l’accueille : La Villa Médicis

Un petit brin d’histoire ! Tout commence avec Louis XIV !

A la fin du XVIIe siècle, il entreprend sa politique de transformation de Paris de grands travaux notamment le Louvre, les Tuileries et Versailles et crée en 1666, sous l’impulsion de Colbert, de Le Brun et du Bernin, l’Académie de France à Rome sous l’égide de l’Académie royale de Peinture et de Sculpture.
Cette institution a pour but d’accueillir à la fois les artistes ayant remporté le Premier Prix de Rome et des pensionnaires protégés de quelques nobles du royaume ou titulaire d’un "brevet", une faveur accordée par le roi. Peintres et sculpteurs venaient se former au contact avec l’Antique et la Renaissance.
C’est à cette époque que l’Académie de France accueille aussi des architectes et des peintres aujourd’hui célèbres comme Fragonard et David ou des sculpteurs tels que Houdon.
D’abord installée dans une modeste demeure sur les pentes du Janicule près du monastère de Sant’Onofrio, elle déménage plusieurs fois:en 1673 au palais Caffarelli, en 1684 au palais Capranica puis au palais Mancini sur le Corso.

Le Palais de l’Académie de France à Rome avant la révolution de 1789

En 1725, l’Académie de France à Rome prend ses quartiers au cœur de la capitale Italienne dans le Palais Mancini qui sera transformé pour l’accueillir et mettre en avant la grandeur et la préciosité des arts en France (appartements nobles du 1er étage décorés avec des tapisseries des Gobelins, avec du mobilier fabriqué en Italie mais revêtus de tissus des manufactures françaises pour montrer au public romain et international la splendeur des arts en France).
Mais on voit déjà apparaître une grande différence entre la première moitié du 18ème et la deuxième où débutent des critiques contre les artistes français et les idées des Lumières dans Rome, ville conservatrice et pontificale. Le Palais Mancini sera plusieurs fois saccagé en 1793 et 1797.

La période révolutionnaire en France n’épargne pas l’institution.
La charge de directeur est abolie puis en 1793 le gouvernement révolutionnaire supprime l’Académie. Il faudra attendre 1795 et le Directoire pour son rétablissement et la suppression du "brevet" du roi pour devenir pensionnaire.

L’Académie de France et Villa Médicis

Dès 1800, Bonaparte, futur empereur des Français, souhaite perpétuer une institution menacée un temps par la révolution et permettre aux jeunes artistes de pouvoir continuer leur travail de créateur ou plutôt de copiste. Ces productions annuelles sont alors envoyées et jugées à Paris et constituent des exercices obligés pour tous les pensionnaires. Après deux années de travaux d’aménagement, c’est le 8 mai 1803 que Napoléon inaugure la Villa Médicis comme lieu de résidence de la toute nouvelle Académie de France à Rome. La Villa Médicis porte le nom de celui qui en 1576 se porta acquéreur du lieu, le cardinal Ferdinand de Médicis.
Les pensionnaires de l’Académie de France à Rome depuis sa création sont exclusivement des hommes. En 1903, un décret permet enfin aux femmes d’accéder à l’institution mais il faut attendre une dizaine d’années pour voir s’installer la première femme dans la Villa. Enfin !
Pendant la deuxième guerre mondiale, les activités à la Villa sont interrompues. En 1941, Mussolini confisque le lieu à la France. Après restitution, d’autres événements modifieront les activités notamment en 1967, le ministre André Malraux supprime le grand prix d’architecture et un an plus tard le concours du prix de Rome. Autre changement : l’Académie passera sous tutelle du ministère des Affaires culturelles et l’admission des pensionnaires se fait désormais par sélection sur dossier.
Ce changement a permis d’ouvrir à Villa Médicis une multitude de disciplines comme l’histoire de l’art, l’archéologie, la littérature, la photographie et le cinéma. Chaque année, un jury indépendant sélectionne une quinzaine d’artistes, parmi les quelques 600 dossiers déposés. Ils se voient alors décerner une bourse. Le concours est ouvert à toutes les nationalités, sans limite d’âge.
Les directeurs améliorèrent la Villa comme Ingres qui fit planter les pins caractéristiques et Balthus pour sa restauration. Depuis quelques années, la Villa Médicis propose non seulement des expositions mais aussi des spectacles élaborés par ses pensionnaires.

L’épopée de la Villa Médicis (sur la colline du Pincio). Elle ne date pas d’aujourd’hui !

Au VIème siècle avant JC, le roi Servio Tullio y fit construire un temple à la déesse Fortuna puis en 66 et 63 av. JC, le général préféré de Silla, Lucio Licinio Lucullo y construisit sa villa avec jardins. Par la suite, fut créé un réseau souterrain de citernes et galeries avec accès privé à l’Aqua Virgo, permettant à la Villa de devenir la propriété privée la plus luxuriante.
Dans ces jardins, les tueurs à gage de l’empereur Claudio assassinèrent Messaline (victime de ses machinations) qui avait essayé de s’approprier le lieu. Achetée par l’empereur, au IIIe siècle, la zone fut occupée par les familles patriciennes des Acilii puis des Pinci. Délimitée par la construction des murs auréliens (270-273), ce fut la résidence de l’empereur Onorio (395-423) et de Belisario. A la fin de l’Empire romain, la Villa fut abandonnée.

En 1564, le cardinal Jean Ricci de Montepulciano acheta le terrain avec encore quelques vestiges du temple de la Fortuna et fit construire, en intégrant les constructions existantes, un imposant palais comme résidence.

En 1576, le Cardinal Ferdinand de’Medici acheta la propriété aux héritiers Ricci en confiant l’ambitieuse réalisation à l’architecte Ammannati et la décoration intérieure à Jacopo Zucchi (surtout les 3 salles du 1er étage réservées au Cardinal) : la Villa devait témoigner la grandeur des Médicis et évoquer la légendaire résidence de Lucullo.
Sa présence dura peu car il fut obligé de succéder à son frère pour devenir Grand-Duc de Toscane et ses collections furent envoyées à Florence. En 1803 les héritiers, les Lorraine, vendirent la Villa Médicis à Napoléon Bonaparte qui y transféra l’Académie de France en transformant ainsi la destination de palais privé. La Villa Médicis commença à y recevoir de jeunes artistes

Texte de Marion Simprez