Catherine de Médicis : une femme extraordinaire

Catherine de Médicis : une femme extraordinaire

Catherine de Médicis : une femme extraordinaire

Découvrons cette grande dame. Quel destin !

Au cours des siècles, quelques femmes, fort peu en vérité, ont partagé le pouvoir. Quelques noms me viennent à l’esprit : Néfertiti, Livie, Agrippine Majeure et Agrippine Mineure, Aliénor d’Aquitaine, Mathilde di Canossa, Isabelle d’Este, Anne d’Autriche et Marie-Antoinette…mais le pouvoir restait toujours dans les mains des hommes.
Le nombre de femmes qui l’ont véritablement eu entre leurs mains est encore plus restreint : Cléopâtre, Élisabeth I d’Angleterre (Élisabeth II a juste eu un rôle de représentation), Marie Stuart, sa rivale et cousine Catherine II de Russie, connue comme“ la grande Catherine”, la reine Victoria et une autre Catherine, Catherine de Médicis, qui restera toujours pour les français “l’étrangère ou l’italienne”.

Elle posséda le pouvoir d’abord avec son mari le roi Henri II puis aux côtés de ses enfants qui se succédèrent sur le trône de France mais c’est en fait elle qui gouverna.

  • Voici l’opinion d’un mémorialiste de l’époque : ”C’était elle qui faisait tout et le Roy ne tournait pas un œuf sans qu’elle ne fût avertie”. Étrange image du roi qui demande la permission à la reine pour tourner un œuf mais cela illustre bien le rôle de Catherine à la cour !
  • D’après un pamphlet malveillant, l’italienne fut dépeinte comme “la fille d’une famille de marchants, une empoisonneuse ou assassine des Huguenots”, ou encore reine maléfique, astucieuse, dissimulatrice.

En réalité, pendant 30 ans elle porta le poids de gouverner la France, pays auquel elle consacra toute sa vie.

  • Son enfance en Italie

Née à Florence, fille de Laurent de Médicis (pas le Magnifique son grand-père) et d’une princesse française Madeleine de la Tour d’Auvergne, choisie comme femme par le roi de France François 1er et de plus, belle et riche. Mariée le 13 avril 1518, au château d’Amboise. Du fait de sa mère française et de son mariage fait en France, Catherine n’est donc pas totalement italienne !
L’époux de Madeleine de la Tour d’Auvergne fit comme cadeau au roi de France deux tableaux de Raphaël “la Sainte Famille” et “Saint Michel et le Dragon”, aujourd’hui au musée du Louvre. Mais la fée qui se penche sur le berceau de Catherine lui apporte un triste destin : la mort de sa mère deux semaines plus tard le 28 avril et celle de son père le 4 mai.
Catherine est tout de suite orpheline. Mais elle ne manqua pas d’affection grâce à sa grand-mère Alphonsine Orsini et sa grand-tante Lucrèce Salvati. Elle grandit avec deux ‘batards’ de Médicis : Hippolyte et Alexandre.
Du point de vue politique, la période est mouvementée  : François 1er et Charles Quint se partagent l’appui du pape Léon X (pape de 1513 à 1521) à savoir Jean de Médicis de naissance et oncle de Catherine.

Le pape suivant Clément VII appartient, lui aussi à la famille de Médicis et est le fils de Julien (frère du grand Laurent de Médicis le Magnifique,) hélas tué dans la conspiration des Pazzi. Elle est certes orpheline mais bien entourée d’une famille puissante.
On sait qu’en 1525, elle passa l’été avec Hippolyte et Alexandre dans la Villa de Poggio à Caiano et l’hiver à Florence.

Deux années plus tard, à cause du “sac de Rome” de la part des soldats de Charles V de Hasbourg et de l’expulsion des Médicis de la ville de Florence. Catherine est enfermée dans le couvent de Santa Lucia pour la protéger. A onze ans, elle est amenée à Rome et vivra au Palais Madama, toujours avec Hippolyte et Alexandre. Elle passera l’été sur le Mont Mario, près de Rome, dans la villa que l’architecte Jules Romain fit construire sur les dessins de Raphaël. C‘est à cette époque que se forment son intelligence et son sens artistique. Hyppolite aspire à demander sa main…surtout par intérêt. Mais le pape Clément VII a d’autres ambitions pour la jeune fille et oblige Hyppolite à devenir prélat. Cependant, il promet Catherine au fils de François 1er, Henri II d’Orléans, de la dynastie des Valois.

Catherine a l’âge d’être mariée : elle a désormais treize ans. Antoine Soriano, ambassadeur vénitien, la décrit ainsi : “Elle est petite et maigre. Ses traits ne sont pas fins et elle a les yeux globuleux comme la plupart des Médicis”. On ne peut pas dire que c’est très flatteur.
A cette époque, on lui fit de nombreux portraits officiels, Sébastien del Piombo laissa un portrait inachevé dans les appartements privés du pape.

Quand Catherine rentre à Florence, le jeune Georges Vasari la peint, grandeur nature et de profil pour envoyer son portrait à Henri II. A cette époque, la jeune fille est gaie et participe à toutes les fêtes. Le futur lui sourit. C’est ainsi que, habillée de soie et dentelle, couverte des nombreux bijoux offerts par le pape, avec un énorme collier de perles (1) autour du cou, Catherine quitte Porto Venere (Ligurie) et pour toujours l’Italie, après en avoir traversé sa grandiose histoire et son ferment artistique. Nous sommes le 6 septembre 1533.
C’est l’année de la naissance de Élisabeth, future reine d’Angleterre.

  • La France

Arrivée à Villefranche, la future épouse attend Clément VII pour poursuivre la navigation vers Marseille. Le 13 octobre, François 1er et la reine Éléonore les rejoignent. Catherine connaît finalement Henri ; ils ont tous les deux 14 ans ! Le mariage aura lieu le 28 octobre 1534.
Le mariage de Catherine de Médicis et de Henri de Valois. Fresque de Vasari (1550)

Le concept de “vie privée” n’existait absolument pas à l’époque ; encore moins pour la famille royale ! Le roi s’assure, par sa présence, que le mariage est consommé et commente : ” Chacun d’eux se montra vaillant à la joute”. Un an plus tard, la mort du pape annule l’alliance apportée par ce mariage entre les Médicis et le roi de France. Désormais Catherine se retrouve comme étrangère à la cour. Elle rejoint Paris le 9 février 1534. Henri, malgré son jeune âge, avait choisi la dame de son cœur : Diane de Poitiers qui, malgré ses dix-sept ans de plus restera toujours son grand amour.
Catherine est bien accueillie par la famille royale et participe, comme en Italie, à des fêtes, des bals masqués. Elle retrouve la beauté de la Renaissance italienne dans le château de Fontainebleau construit par Gilles Le Breton, le château préféré de François 1er.

François 1er de France, beau-père aimé et estimé par Catherine de Médicis (Louvre). Elle apprit par lui le sens de majesté royale, qu’elle essaya de transmettre à ses fils.

La mort improvisée du dauphin François oblige Henri, frère mineur, à devenir le prochain roi de France. Ce triste événement augmenta énormément le prestige de sa position en tant que future reine.
Tableau de Catherine de Médicis peint par Corneille de Lyon (1536).Ce portrait est estimé la représentation la plus fidèle de la reine

François 1er est sensible à la vivacité de la jeune fille qui chasse avec lui ours et sangliers, et monte à cheval de façon nouvelle pour la France “à l’amazone” avec le pied gauche dans un étrier. Cet appui lui permet d’aller plus vite au même rythme que les hommes et donc de chasser aux côtés du roi.
Catherine connaît le latin, le grec et la géographie. Elle s’intéresse aux astres. Quand elle sera reine, elle fera construire une tour d’observation qui est la seule partie de son palais qui existe encore aujourd’hui à Paris dans le quartier des Halles. Elle aime la musique et la poésie. Elle est joyeuse, souple et patiente. Elle sait, et saura toujours dissimuler ses émotions, surtout sa jalousie envers Diane de Poitiers.

Du reste, François 1er aime beaucoup l’Italie grâce à laquelle il essaye de recréer l’atmosphère de beauté artistique dans la région de la Loire, en faisant construire de nombreux châteaux fortifiés. Ce n’est pas un hasard que Léonard de Vinci mourut dans son manoir de Clos-Lucé en 1519, à côté du château d’Amboise.
Seul inconvénient de sa vie fut l’attente de dix années pour donner un héritier au trône. Mais après, le premier fils, appelé François et né le 19 janvier 1544, elle mit rapidement au monde dix autres enfants (seuls six survécurent), à la grande satisfaction de la cour.

Note (1)
Les fameuses perles eurent une histoire mouvementée : Catherine elle-même en fit cadeau à Marie Stuart, jeune épouse de son premier fils devenu François II de France à la mort de son père. Restée veuve après environ deux ans de mariage, Marie rentra en Ecosse en emportant le collier. A sa mort, sa cousine Élisabeth I d’Angleterre qui la fit assassiner, s’empara du collier sans aucune gêne.

Trois femmes de pouvoir portèrent à leur cou le même collier !

Texte de Marion Simprez