La crèche napolitaine

La crèche napolitaine

Noël arrive ! A Naples, on “fait le presepe” (la crèche)

Les napolitains installent leur “presepe”dès le 8 décembre jusqu’au jour de la Befana le 6 janvier (vieille sorcière gentille qui apporte de petits cadeaux aux enfants).

Cette tradition artisanale, qui existe depuis le XVII° siècle, représente le cœur de Naples et les “pastori”, ses habitants pour annoncer la naissance de l’enfant Jésus : c’est la crèche populaire que l’on voyait dans les églises. Puis on commença à mélanger le sacré et le profane avec des personnages de la vie quotidienne, c’est la crèche que nous connaissons.

Au XVIII°, la crèche devint “classique” à savoir le passe-temps favori de la haute aristocratie et de la bourgeoisie napolitaine qui rivalisèrent d’imagination pour aménager dans leurs palais des scénographies toujours plus recherchées avec plusieurs centaines de sujets. C’est ainsi que la traditionnelle grotte est remplacée par un décor de colonnes romaines ou de ruines d’un temple païen, suite à la découverte de celles d’Herculanum et Pompéi.
De plus, on s’inspire à la “nature morte”, fruits, légumes, animaux, viandes, poissons et instruments musicaux.

Personnellement je préfère la crèche plus populaire, tellement fascinante, on passerait des heures à la regarder !

  • Le décor (avec parfois des symboles religieux)

Il représente le paysage : une maison en liège souvent avec étages, une cabane, un marché, un pont (symbole de passage entre la mort et la vie), le pain (comme métier populaire mais évoque aussi l’eucharistie), un moulin à vent, une caverne, une grotte, une ruine de temple, des animaux variés, des objets mécaniques qui fonctionnent à électricité, une fontaine, des cascades et l’éclairage de la crèche avec des personnages aussi bien raffinés en costume d’époque que modestes.


Ils sont tous tellement naturels que le spectateur est sous le charme et a l’impression d’en faire partie.

  • Les “pastori” (bergers, santons)

Ils sont tous réalisés à la main avec un visage modelé en terre cuite (avec des yeux en verre et des membres articulés en bois), cuits pendant de nombreuses heures avant d’être peints et habillés de vêtements parfois très raffinés. Cette réalisation est l’œuvre unique de l’artiste-sculpteur selon son inspiration.

Ils sont tous là avec leurs animaux, leurs instruments de travail ou musicaux :
le joueur de mandoline, l’aveugle, la diseuse de bonne aventure, le menuisier, la lavandière, le poissonnier, le boulanger devant son four, le chasseur, le noble, le paysan, et tant d’autres. Des personnages de la vie quotidienne, un véritable instantané de la Naples du XVIII° siècle ; tout est documenté avec une grande précision dans les détails (l’étal du poissonnier, une vache en train de pisser, le goitre d’un mendiant etc…).

Souvent ces personnages du peuple sont la personnification de légendes  :

  • la gitane avec des clous dans les mains veut signifier le futur du nouveau-né et son supplice sur la croix
  • le moine, symbole de l’union entre le sacré et le profane
  • les mendiants, boiteux et aveugles représentent les âmes du Purgatoire qui demandent des prières aux vivants
  • les vendeurs du marché représentent chacun un mois de l’année :
  • Janvier le boucher ou charcutier
  • Février le fromage
  • Mars les volailles
  • Avril les oeufs
  • Mai les fruits comme les cerises
  • Juin le pain
  • Juillet les tomates
  • Août la pastèque
  • Septembre les figues ou le semeur
  • Octobre le chasseur ou le vigneron
  • Novembre vendeur de châtaignes
  • Décembre le poissonnier.

  • Benino, (le plus connu) un jeune berger endormi dans la grotte qui rêve d’être dans sa crèche. Personnage de grande importance dans la symbologie de la crèche napolitaine. Son sommeil symbolise la jeunesse, l’immaturité de l’esprit et son réveil est considéré comme la renaissance de l’homme.

Pour bien profiter de l’atmosphère magique de Noël, il faut se balader dans les quartiers espagnols à San Gregorio Armeno, (connu dans le monde entier), une ruelle caractéristique très animée où s’alignent les uns après les autres les ateliers et les vitrines avec une quantité incroyable de crèches et pastori, parfois d’une fabrication un peu commerciale.

Par contre à la Chartreuse et Musée de San Martino, immense chartreuse du XIVe siècle sur la colline du Vomero, on trouve l’une des plus remarquables collections de santons et de crèches de la ville, qui date des XVIIIe et XIXe siècles.

La beauté de la crèche napolitaine est sans aucun doute dans la richesse du détail.

Rome n’est pas Naples mais on peut admirer un superbe “presepe” dans la Basilique des Saints Cosma e Damiano, via dei Fori Imperiali, 1, qui est permanent et date du 18ème siècle et représente la nativité au milieu des gens du peuple. (il est gratuit).
https://it.wikipedia.org/wiki/File:Presepe_Basilica_Santi_Cosma_e_Damiano_(Rome).jpg

A ne pas manquer, il est magnifique !

Texte de Marion Simprez