Le sureau

Le sureau

Aujourd’hui, je voudrais vous parler d’un arbre...

Pas du chêne ténébreux, non, ni du cyprès graphique qui scande les paysages toscans, mais d’un petit arbre discret, un arbrisseau banal qui pousse un peu partout au bord des routes, le long des fossés et dans les jardins, même en ville.

Si je vous dis "sureau", à quoi pensez-vous ? Peut-être à la fabulette d’Anne Sylvestre que vous chantez à vos enfants comme on vous l’a chantée à vous ?

À la mi-mai, quand le printemps triomphe aux plus beaux jours, prenez donc un grand panier, un sécateur, et partez cueillir les claires ombelles odorantes que le sureau vous tend à bout de branches : une profusion de cette dentelle aérienne, suave et parfumée..., c’est tout ce qu’il vous faut pour préparer une limonade désaltérante, et un sirop qui enchantera tout l’hiver vos salades de fruits, vos sorbets et vos desserts.

Rincez rapidement les fleurs légères, coupez un citron Bio en rondelles et remplissez un grand bocal de verre en tassant sans pitié les ombelles... ajoutez une cuiller de miel, un verre de vinaigre de pommes, couvrez d’eau fraîche et laissez macérer une bonne semaine. Filtrez : le pollen abondant a cédé son goût et sa couleur nacrée à l’eau, et le miel a déclenché une fermentation bénéfique. Vous pouvez maintenant mettre en bouteille cette exquise limonade vite pétillante que vous boirez tout l’été, car avec les mêmes fleurs, vous pouvez répéter l’opération jusqu’à trois fois.

Pour faire le sirop, il suffit d’ajouter au liquide de filtration une bonne quantité de sucre. Ensuite, faites bouillir trois minutes pour arrêter la fermentation et mettez en bouteilles fermées hermétiquement : et voilà les fragrances volatiles de la belle saison à portée de main toute l’année pour parfumer tout ce que vous voudrez, même les tisanes de l’hiver, pourquoi pas ?

Quand vous aurez goûté à ces délices, votre œil s’exercera vite à reconnaitre le modeste, le généreux sureau partout où il pousse... alors, toutes ces vaporeuses inflorescences seront pour vous... car personne ne les cueille, figurez-vous !!
Vous allez me dire : oui, mais le mois de mai est passé. C’est vrai. Il reviendra !

Et en attendant, le sureau vous offre une deuxième chance !!! Car en septembre, les fleurs que vous n’avez pas cueillies vont porter des fruits ! Le soleil de l’été transforme la blanche ombelle en une sombre grappe de petits fruirs violets, presque noirs, avec lesquels il ne tient qu’à vous de préparer... une sublime confiture !

Sus au sureau !

Texte de Nicole Allegra