La tradition de la galette des rois

La tradition de la galette des rois

La tradition de la galette des rois à travers le temps !

Préparez-vous, on va “tirer les Rois”.Pourquoi les Rois ? Pourquoi en janvier ? D’où vient cette tradition ? Une galette avec une fève et pourquoi donc ? Découvrons cette tradition !

C’est une galette de pâte feuilletée ciselées d’entailles croisées et dorées au four. La préférée est fourrée à la frangipane, crème à base d’amandes douces, de beurre d’oeufs et de sucre. Elle aurait été inventée par un noble fiorentin, le marquis de Frangipani, il y a plusieurs siècles. Ce fut la seconde épouse d’Henri IV, Marie de Médicis, qui, en quittant l’Italie, se fit remettre la recette d’une crème à la poudre d’amande, élaborée par le cuisinier de son plus proche soupirant, le marquis Frangipani. La recette plut à la Cour de France et est toujours appréciée de nos jours. C’est toujours la préférée même s’il en existe d’autres comme la couronne briochée dans le Midi de la France ou dans d’autres pays.

La tradition familiale veut que l’on se rassemble ou en famille ou avec des amis pour découper la fameuse galette. L’enfant le plus jeune se place sous la table (comme dans les illustrations du XV°siècle) et désigne les invités qui reçoivent ainsi leur part de gâteau. Une couronne souvent dorée est fournie avec la galette. Celui ou celle qui trouve la fève est couronné et choisit sa reine ou son roi.

De la Rome Antique…

Souvent célébrée le premier dimanche de janvier lors de l’Épiphanie, la fête des Rois est, dans l’imaginaire collectif, associée à la religion chrétienne. Cependant, comme la majorité des événements chrétiens, la fête des Rois s’inspire d’une tradition païenne beaucoup plus ancienne.

Car c’est à Rome durant l’Antiquité que l’on trouve les premières traces de la fête des Rois. En effet, chaque année à cette époque, entre la fin du mois de décembre et le début du mois de janvier, étaient célébrées les Saturnales. Celles-ci se déroulaient en l’honneur du Dieu Saturne, maître tout puissant de la période du solstice d’hiver.
Unique en leur genre, les Saturnales faisaient l’objet d’une cérémonie originale, à laquelle les esclaves étaient notamment conviés. D’ailleurs ces derniers étaient la principale source d’attraction de la fête. En effet, à cette occasion, un gâteau similaire à l’actuelle galette des rois était partagé en fonction du nombre d’esclaves présents. A l’intérieur du fameux gâteau se cachait une fève. Les parts du gâteau étaient distribuées par un enfant dont l’âge garantissait l’innocence, considéré comme un oracle d’Apollon, qui se cachait sous la table. L’esclave qui piochait la fève devenait le Roi du jour et pouvait réclamer n’importe quelle faveur à son maître qui devait s’exécuter. A la fin de la journée, l’esclave retournait à sa condition. Cette tradition avait pour but de resserrer les liens entre maîtres et domestiques.
La galette des rois n’a donc rien avoir avec la religion...C’était une fête païenne pour célébrer les Saturnales.

À la fin du IVe siècle, l’Église christianise ce rituel païen et lui substitue donc l’Épiphanie (“révélation” en grec), grande fête de la “manifestation du Christ au Monde”, célébration de la présentation et de l’adoration de Jésus par les 3 Rois Mages. La galette du roi d’un jour devient la “galette des rois”. On “tire les rois”, toujours au sort, mais on réserve des parts pour le pauvre, le voyageur ou le membre absent de la famille. C’est “la part du Bon Dieu”.
Voilà pourquoi la galette des rois est associée à l’Epiphanie et devient une fête religieuse.

Le partage de la galette des rois est aussi attesté au Moyen Âge à travers la coutume du Roi boit. Elle est fêtée le 5 janvier et la personne, qui trouvait la fève, devait payer sa tournée à la tablée. Beaucoup d’entre-deux, avares, préféraient l’avaler !

… Jusqu’au Moyen-âge et à la Renaissance

Au Moyen-âge et à la Renaissance, la tradition de la fête des Rois prend une toute autre tournure et devient une célébration ultra prisée par les aristocrates. Ceux-ci se l’approprient et en abusent : les divertissements sont excessifs, les banquets de plus en plus pompeux. Les ducs, seigneurs et rois trouvent cette fête tellement réjouissante qu’ils la célèbrent plusieurs fois dans l’année dans une ambiance de débauche et de démesure.

On tirait le gâteau des rois même à la table de Louis XIV. Les dames de la cour qui tiraient la fève devenaient reines de France d’un jour et pouvaient demander au roi un vœu dit “grâces et gentillesse”. Le jeune Louis XIV déclara avant de se servir une part de galette lors du banquet annuel de la fête des Roi s “Je serai Roi deux fois”
En 1711, le royaume de France est touché par une famine dévastatrice. Le Parlement décide alors de proscrire la galette des rois afin que la farine soit utilisée uniquement pour faire du pain. Les aristocrates se sont vus alors supprimés pendant quelques temps leur passe-temps favori.
Sous la révolution, il est hors de question d’élire un roi ! Le roi n’est plus, mais plus du tout le bienvenu ; les coutumes ont donc radicalement changé. La galette des rois est remplacée par la galette de la liberté, appelée aussi la galette de l’égalité. La couronne et la fève sont supprimées de la pâtisserie.
En 1791 : le jour des rois est devenu le “jour des sans-culottes”et la galette disparut. Cette disparition ne fut néanmoins que momentanée, car les sans-culottes ayant renommé l’Épiphanie en “fête du Bon Voisinage” est donc née la “galette de la Liberté” ou “de l’égalité”.
Sa forme évolue également passant du traditionnel gâteau rond à une pâtisserie en forme de bonnet phrygien. Elle retrouvera quelques années plus tard sa forme originale.

Afin de rendre hommage à cette période révolutionnaire, le président de la République reçoit tous les ans depuis 1965 une géante Galette de l’Égalité.
Celle-ci ne contient donc ni fève ni couronne en souvenir de l’héritage de la Révolution française et du respect des principes de la République.

À quand remonte la fève ?

Il faut savoir que la fève symbolisait la fécondité et devint très tôt le symbole de vie (avant il y avait aussi le haricot) dans le monde paysan mais aujourd’hui elle fait partie du jeu.
Les fèves en porcelaine sont apparues au 19e siècle, en Saxe pour une raison toute simple : la tradition voulant que celui qui trouve la fève offre le pot à l’assemblée, certains avares auraient avalé la fève pour éviter la dépense. L’idée de la fève en porcelaine remonte aux années 1875. Elles représentaient le chiffre 13, un trèfle à quatre feuilles, une couronne, des symboles de richesse comme de petites voitures ou un petit bébé emmailloté, d’ailleurs très vite assimilés au petit Jésus et surtout à la nativité et les personnages de la crèche.

Etes-vous fabophiles ? De nos jours, il existe une multitude de fèves qui font le bonheur des collectionneurs (animaux, soleil, lune, personnages Walt Disney etc) qui s’échangent leurs petits trésors. Mais hélas, les fèves sont souvent en plastique aujourd’hui. Quant aux personnes qui collectionnent les couronnes, il s’agit des “Stéphanophiles”.

Texte de Marion Simprez