Les pietre d’inciampo

Les pietre d'inciampo

Les pietre d’inciampo

Connaissez-vous les pietre d’inciampo ? Ou stolpersteine ? Ou pierres d’achoppement ?
Si vous vous promenez dans le centre de Rome, comme tout le monde pour ne pas vous tordre les chevilles vous devez regarder où vous mettez les pieds. Avez-vous déjà remarqué au milieu des sampietrini des pavés dorés ? Ce sont les fameuses pietre d’inciampo.

Le sculpteur Gunter Demnig a créé ces pavés de béton de 10 cm par 10 cm, recouvert d’une plaque de laiton qui honore la mémoire d’une victime du nazisme.

Né le 27 octobre 1947 à Berlin, cet artiste allemand pose la première Stolperstein dans sa ville natale en 1997 sans autorisation. Mais l’histoire ne commence pas à ce moment-là. Elle s’initie au début des années 1990 à Cologne. Gunter Demnig installe une bande colorée de 16 km en mémoire de la déportation d’un millier de tsiganes en mai 1940. Cette réalisation ne dura pas dans le temps, et l’artiste en refait des parties en laiton. Après avoir constaté une certaine ignorance générale au sujet de la persécution et de la déportation sous le régime du national-socialisme, il aura l’idée de pavés dorés ! Et puis pour lui, “une personne est oubliée seulement lorsque son nom a été oublié”.

Chaque pierre rappelle la mémoire d’une personne déportée dans un camp de concentration, encastrée dans le trottoir devant le domicile de la victime. Je ne vais pas vous refaire l’histoire mais souvenez-vous qu’une victime du régime nazi pouvait être juive, communiste, homosexuelle, handicapée, un résistant, un chrétien en opposition au régime et bien d’autres. Sur la plaque de laiton est inscrit « Ici habitait » avec ensuite le nom, la date de naissance, la date d’arrestation puis le lieu de déportation.

La pose d’une pierre d’achoppement est toujours faite sur demande. Elles sont financées par des dons obtenus par de simples citoyens, des écoles, des associations.
À Rome, ce travail de Mémoire est soutenu par l’Association nationale des anciens déportés (ANED), par l’Association nationale des anciens internés (ANEI), par le Centre de documentation juive contemporaine (CDEC), par la Fédération des amitiés juive et chrétienne italienne et par le Musée d’histoire de la libération, mais aussi en collaboration avec les municipalités romaines et sous le haut patronage du président de la République d’Italie.

Une semaine après la journée de la Mémoire, doit-on rappeler l’importance de ce travail de « ne pas oublier », de se souvenir, de réfléchir, de commémorer.
La journée de mémoire de la Shoah et de prévention des crimes contre l’humanité a lieu le 27 janvier, une date symbolique, correspondant à l’anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau.

Par exemple, à Rome, via Urbana 2, une pietra d’inciampo a été posée en janvier 2012 par Gunter Demnig. C’était à la demande du curé de Santa Maria dei Monti pour commémorer la mémoire d’un prêtre catholique Don Pietro Pappagallo qui a caché de nombreux juifs notamment des enfants.
Cette même année, 20 pierres ont été posées via Madonna dei Monti dans le Rione Monti. Ces 20 personnes qui vivaient ici et ont été arrêtées le 21 mars 1944. Toutes ont été tuées soit dans les Fosse Ardeatine soit à Auschwitz. Dans la nuit du 9 au 10 décembre 2018, quelqu’un a enlevé ces pierres d’achoppement. Elles ont été remises rapidement.

Le 20 janvier 2022, 30 Stolpersteine ont été posées dans la cité éternelle.

Quelques chiffres :
1993… début du processus de création
50000… nombre de pierres d’achoppement posées
17… pays européens où vous en trouverez
898… villes allemandes
28 janvier 2010… entre dans cette grande chaîne de mémoire
30… pietre installées cette première année à Rome

Pour plus d’informations :
les pietre d’inciampi à Rome www.memoriedinciampo.it
pour plus d’information www.stolpersteine.com

Texte de Marianne Munoz