La couleur rouge... ne passe pas inaperçue

La couleur rouge... ne passe pas inaperçue

La couleur rouge ne passe pas inaperçue !


C’est une couleur si franche, si chaude, si lumineuse ! Il est impossible de ne pas la remarquer : elle s’impose avec arrogance, chargée de symboles mais elle se diversifie aussi d’infinies nuances : les variétés de rouge sont seulement dépassées par les variétés de vert.
Si l’on veut dresser une liste pour le rouge, il existe les rouges corail, de cadmium clair ou foncé, angélique, rubis et oiseau rouge, coquelicot, le rouge laque garance- “Je m’appelle Garance, c’est le nom d’une fleur”- dit Arletty dans le merveilleux film”Les Enfants du paradis” de Marcel Carné (ou Amanti perduti), le cramoisi, le vermillon, l’écarlate,le carmin, le bordeaux et le somptueux pourpre ! sans oublier le rouge cinabrin et ce n’est pas fini ! Un coup d’oeil à ce site, vous illuminera ! http://pourpre.com/fr/dictionnaire/fields/red
Le rouge Garance est un piment d’origine organique et végétale qui dérive de la Rubia Tinctorum. Cette tonalité de rouge, utilisée au Moyen- Âge, s’obtenait avec le sulfure de mercure et était donc toxique. Une autre tonalité de Robbia, s’obtenait grâce à des racines, tandis que le rouge cramoisi, le guermez persan, était le fruit du séchage d’un insecte, la cochenille, et était aussi connu par les civilisations précolombiennes.

Dès l’antiquité, les populations utilisèrent fréquemment cette couleur. Les Romains la choisissaient comme couleur de base sur les parois des maisons aristocratiques.
Dans la Villa dei Misteri à Pompei, la couleur résista davantage grâce à une couche de cire, ce qui nous permet de l’admirer encore de nos jours. Les parois de la maison d’Auguste sur le Palatin sont également recouvertes de cette teinte, ainsi que celles des habitations des autres empereurs,
D’autre part, les romains choisissaient le rouge – un rouge particulier appelé pourpre/violet –pour teindre leurs étoffes ; le pourpre s’obtenait à partir de la sécrétion d’un mollusque que. Le peuple phénicien le faisait ainsi macérer dans de l’eau de mer plus ou moins longtemps en fonction de l’intensité désirée pour la couleur (de l’écarlate au violet).
La “porpora” fut si importante dans le commerce des Phéniciens que leur nom en dériva “Phoinix”. A cette époque, le rouge était associé à la royauté et à la sacralité. En effet, plus que n’importe quelle autre couleur, le rouge a une signification symbolique très forte et surtout très variée.

Au Moyen- Âge, il fut choisi pour son éclat, pour les lettres rubrifiées et pour les lignes musicales. Mais on attribuait aussi au rouge une valence négative : il annonçait la trahison ou le désordre.
Dans les miniatures, Judas est souvent vêtu de rouge et les sorcières ont presque toujours les cheveux rouges, couleur de la sorcellerie : Du reste, pendant longtemps les cheveux roux furent le symbole de la méchanceté et du mal.
Rosso Malpelo a les cheveux de cette couleur parce que “c’était un garçon malicieux et méchant” et son jumeau français Poil de Carotte, dans le roman de Jules Renard, est vexé par les critiques de sa mère et de son frère pour ses cheveux et il se croira injustement méchant et menteur.


En outre, le rouge deviendra rapidement le symbole du sang, de la violence et- avec le noir- de la mort. Mais pas seulement en Europe. Au Japon par exemple, le militaire Tokugawa leyasu, qui fonda, au début du XVII° siècle, le shogunato qui porta son nom, choisit comme emblème le rouge et appela son armée “La Brigade des démons rouges” (rappelons-nous en Italie en 1970 les “Brigades Rouges”).Le rouge depuis toujours indique le danger. Les ambulances ont soit une croix soit une demi-lune de cette couleur ; On ne peut pas traverser au “feu rouge” et le panneau sens interdit a un fond rouge.
Le rouge indique aussi la faute et l’erreur (souvenirs d’école !). L’historien Michel Pastoureau dans son essai “les couleurs de nos souvenirs” raconte un épisode survenu dans son lycée en 1960. Un matin, l’entrée fut interdite à deux élèves qui portaient des pantalons rouges, couleur interdite dans un établissement scolaire ainsi que le port d’un pantalon ; sans doute à cause de sa valence transgressive et provocatrice.

Comment ne pas penser à 2 films presque contemporains tirés de 2 œuvres littéraires. Le premier s’inspire à un drame de Owen Davis (1933) et porte le même nom en anglais “Jezebel” tandis qu’en italien il s’appela “la figlia del vento”. Il remporta deux Oscars.
L’autre est le célèbre “Via col vento”- “Autant en emporte le vent “ (Gone with the wind) du metteur en scène Victor Fleming, de 1939 et qui remporta cinq Oscars. Ces deux films ont en commun la guerre de Sécession comme période, le caractère des héroïnes et LA ROBE ROUGE.

Dans le premier film, l’actrice Bette Davis s’appelle Jezebel comme le personnage de la Bible qui symbolise la luxure. C’est une jeune fille du Sud, gâtée et égocentrique qui, à la veille de la guerre, défie la mentalité de la société en se présentant au bal des débutantes avec un audacieuse robe rouge, couleur choisie par elle, contraire à la morale, ce qui lui coûtera la rupture de ses fiançailles.

A la même époque, un autre film propose la fameuse Scarlett O’Hara représentée par l’actrice Vivien Leigh.
Rappelons seulement l’épisode dans lequel son troisième mari Rhett Buttler (Clark Gable) l’oblige à porter une robe rouge très voyante pour se rendre à l’anniversaire du mari de Mélania, Ashley,dont elle a toujours été amoureuse.
Dans ces deux films La couleur rouge de la robe indique la perdition et l’offense à la morale.

Tandis que plus récemment, en 1984, dans le film “La Signora in rosso” de Gene Wilder, la robe rouge a une valeur de séduction mais si l’on veut, dépouillée de sa valeur de faute.
Que dire alors du rouge à lèvres rouge ?

Texte de Patrizia Maccotta (traduction Marion Simprez)