La couleur rouge (2ème partie)

La couleur rouge (2ème partie)

La couleur rouge

Suite de la première partie "La couleur Rouge ne passe pas inaperçue" que vous pouvez retrouver en cliquant ICI

Le rouge dans les contes

Dans le conte de Andersen "Les souliers rouges"(1845), l’un des plus terrible, une fillette pauvre mais vaniteuse est disposée à tout pour avoir une paire de souliers rouges qu’elle a vus dans la vitrine d’un cordonnier mais, après les avoir mis, ses souliers se mettent à danser sans s’arrêter comme s’ils avaient un pouvoir sur elle en l’entrainant contre son gré et seule l’intervention providentielle d’un homme parviendra à les enlever.
Mais la jeune fille ne résiste pas à la tentation de les endosser de nouveau et cette fois-là, il n’est plus possible de les enlever jusqu’à ce qu’un bûcheron à coups de hache lui coupe les pieds, tandis que les souliers continuent à danser avec ses pieds. Comme dans beaucoup de contes d’Andersen (ainsi que d’autres, il suffit de penser aux contes des frères Grimm), cette histoire relève presque de l’horror mais a toujours été apprécié par les enfants et les adultes.

Le rouge au cinéma

En 1948 le film “the red shoes” de Emeric Pressburger et Michael Powell connu un grand succès avec l’actrice Moira Shearer interprétant la ballerine Vicky Page avec les souliers rouges. La jeune fille, première ballerine, devra choisir entre la carrière et l’amour.
Désespérée, après avoir mis les souliers rouges du ballet, elle se retrouvera dominée par une force inconnue et finira par faire un faux pas en la poussant sous un train.
La lanterne rouge s’allume pour avertir, parmi les quatre femmes d’un riche notable chinois, celle qui sera l’élue pour passer la nuit avec lui. Il s’agit du roman de Tong Su (Lanternes rouges et auparavant. Femmes et concubines) Inspiré par ce roman Zhang Yimou réalisa en 1991 le magnifique film Lanternes rouges

Un autre film extraordinaire où la couleur rouge prédomine, véritable “rapsodie en rouge” est Matador (1986) de Pedro Almodóvar.

La rouge dans la littérature

Le rouge y occupe une place privilégiée. Dans le roman de Nathaniel Hawthorne,
“la lettre écarlate” (The Scarlet Letter publié en 1850), la couleur conserve sa valence de faute et de provocation, surtout dans la société puritaine de la ville de Boston au XVII° siècle.
Esther Prynne a accouché d’une fille pendant la longue absence de son mari et ne veut pas révéler le nom de son amant. Elle est contrainte de broder sur ses vêtements la lettre A d’adultère. Avec orgueil et provocation, elle choisit de la broder avec des fils d’un rouge écarlate entremêlés de fils dorés, transformant ainsi son péché en véritable chef-d’œuvre de beauté.

Dans le roman de l’écrivain turc Orthan Pamuk “Mon nom est rouge” (1998) le rouge est vu d’un autre point de vue. A Istanbul, en 1951, les miniaturistes qui illustrent les œuvres du Sultan vivent pour les différentes couleurs. Au chapitre trente et un de ce récit à plusieurs voix, les différents personnages racontent les faits de leur point de vue.
Au premier chapitre, le miniaturiste assassiné introduit l’histoire, la couleur rouge prend la parole de façon très originale, et définit sa place parmi les autres couleurs des miniatures : " Mais silence ! et écoutez le récit de ma merveilleuse naissance, l’origine de l’écarlate ! Un peintre, expert dans les pigments, écrabouilla menu-menu, dans un mortier, sous son pilon, des cochenilles importées des contrées lointaines et torrides ." Après un long processus pour la création de sa couleur, il s’extasie sur sa consistance parfaite."
" Quelle chance d’être le Rouge ! Je suis le feu. Je suis la force ! On me remarque et l’on m’admire, et l’on ne me résiste pas.
C’est encore le Rouge qui parle : " J’étais sur les nappes qui drapent les tables des festins, les caftans de brocart, quand les ambassadeurs viennent baiser les pieds de nos sultans …j’y étais, car je suis partout et toujours…oui, je suis au pinceau des jolis apprentis, qui m’étalent en m’admirant, sur les tapis indiens, sur les frises des bas-reliefs, sur les tuniques des jeunes filles…sur les grenades et les fruits des pays fabuleux."

Le rouge apparaît aussi en s’opposant au noir, de façon plus discrète mais mystérieuse, dans le titre du célèbre roman de Stendhal : Le rouge et le noir (1830).
Le rouge ici – sans aucune certitude sur les intentions de l’auteur - pourrait être le symbole de la carrière militaire ou de l’amour passion qui s’oppose au noir de la carrière ecclésiastique ou de la mort ; mais il pourrait être aussi, avec le noir, la couleur des jeux de hasard.
Certaines fables ou contes ont choisi la couleur rouge pour son aspect symbolique : Le petit chaperon rouge, célèbre petite fille séduite par le loup qui porte un capuchon rouge,

la mère de Blanche Neige, qui se pique le doigt en filant et souhaite avoir une petite fille ”aux cheveux noirs comme l’ébène, aux lèvres rouges comme le sang et la peau blanche comme la neige”.
Les Frères Grimm donnent pour titre à un de leurs contes : Blanche-Neige et Rose-Rouge

Le rouge dans le monde de la politique et de la société

Choisi sans hésitation par les révolutionnaires (Avanti popolo, alla riscossa/ bandiera rossa trionferà), célèbre chanson populaire au milieu du XVIII° siècle ; les drapeaux rouges dans l’Union Soviétique des années 1900 ; et la couverture du Livre rouge écrit par Mao Tsé-Toung (1968)

C’est alors que cette couleur se déroule comme un tapis…pour la Ferrari, les divers festivals cinématographiques, le vernis des ongles, le rouge à lèvre, les chaussures à talon aiguille ou dans la lutte contre la violence lancée par l’artiste mexicaine Elina Chauvet avec “Los zapatos rojos” ou pour évoquer le cœur, la passion, l’émotion, la honte, la timidité, les “voyelles” de Rimbaud : A noir, E blanc, I rouge, O bleu, U vert, la “digitale purpurea” plante rouge évoquée dans le poème de Pascoli, les roses rouges, la veste du Père Noël, les vêtements du couturier Valentino et la petite robe rouge que porte la petite fille juive tuée dans le film Schlinder’s List di Spielberg (1993).

Pour finir, le tapis rouge à la récente Fête du cinéma de Rome en octobre 2021 !

Texte de Patrizia Maccotta (traduction Marion Simprez)