La fontaine de la Villa Médicis

La fontaine de la Villa Médicis

La fontaine de la Villa Médicis

Toujours en lien avec le Grand Café de Rentrée de Rome Accueil, continuons nos découvertes autour de ce lieu magnifique qu’est la Villa Médicis !
Nous sommes devant la Villa, voici sa fontaine.

Comme toujours à Rome, lorsqu’un avantage était accordé à un particulier, il devait donner à la population romaine un bien public. Ici, le cardinal Ferdinand de Médicis fut autorisé à utiliser l’eau de l’aqueduc de l’Acqua Felice pour le jardin de sa villa. En échange, il construisit donc la fontaine que nous connaissons aujourd’hui devant l’Académie de France. La vasque en granit, acquise en 1587, vient de San Salvatore in Lauro tandis que son socle provient d’une place proche de San Pietro in Vincoli.
A l’origine l’eau s’écoulait par un lys en pierre, emblème de la famille Médicis. Un boulet de canon l’a remplacé au XVIIe siècle.
La légende veut qu’en 1655, la reine Christine de Suède fit tirer le canon du château Saint Ange vers la villa Médicis pour réveiller l’occupant des lieux et aller à la chasse. Les impacts sur la porte tendraient à confirmer ce geste. Un des boulets aurait alors été installé dans la fontaine à la place du lys des Médicis.

En parlant de "boulets de canon", savez-vous qu’ils sont au moins au nombre de quatre à Rome ? Et certains sont français !
Aux quatre coins de la cité éternelle, dans des lieux très différents et pas toujours facilement accessible, continuons à les découvrir !

Le Palais Colonna : la Galerie

Fastueuse pièce de représentation, la galerie fut commandée au milieu du XVIIe siècle. C’est un hommage à la victoire sur les Turcs lors de la bataille de Lepanto en 1571 mais aussi au commandant de la flotte pontificale : Marcantonio II Colonna.
De la « salle de la colonne Bellique », quelques marches permettent l’accès à la « Grande Salle ». Un boulet y est encastré depuis 1849. C’est celui de l’armée française qui, sous la République romaine, a tiré des coups de canon du haut du Janicule. Le Général Oudinot était venu secourir le Pape Pie IX des insurgés républicains italiens.

L’église Saint Pierre in Montorio : le mur extérieur

Sur le côté gauche de l’église San Pietro in Montorio sur le Janicule, on peut voir une plaque de marbre avec un boulet de canon. On y lit qu’il a été tiré par l’artillerie française et a été retrouve à cet endroit.
Cette commémoration est liée, là encore et comme au Palais Colonna, aux combats de 1849. On parle de combats héroïques de la part de la République romaine. À la suite du soulèvement du peuple contre le Pape et pour la démocratie. Le représentant de Saint Pierre doit quitter Rome. La République est déclarée le 9 février 1849. Certains états européens proposèrent leur aide au Pape notamment la France de Napoléon III. Garibaldi devra défendre le Janicule, point sensible face à l’armée française.
La victoire des Français mit fin à la brève République romaine. Considérée comme le printemps de l’unité de la péninsule, le Risorgimento romain fut aussi le plus tardif. En effet ce ne sera que le 20 septembre 1870, avec la brèche de la porte Pia réalisée par les bersagliers du roi, que les Etats pontificaux s’unirent au royaume d’Italie.

La basilique de Saint Barthélémy : la chapelle du Sacrement

La basilique Saint Barthélémy all’Isola est sur l’île Tibérine. Elle a été construite à la fin du Xe siècle par Otton III et elle est, depuis l’an 2000 le sanctuaire des martyrs contemporains du christianisme.
Dans le fond de l’église, à droite, se trouve la chapelle du Sacrement où curieusement l’on trouve un boulet de canon. Pendant le siège de Rome, en 1849, celui-ci a été tiré par l’armée française. Il a traversé le mur de l’église jusque dans la chapelle. De manière « miraculeuse », personne n’a été blessé. Mais on peut toujours voir le boulet de canon.

Au-delà de ces lieux, on peut dire beaucoup d’autres choses sur cette pièce d’artillerie.

Par exemple, le Palais Spada, siège du Conseil d’État et de la très belle perspective de Borromini, a été, lui-aussi, le témoin des effets d’un de ces « objets ». Dans la très belle cour, de nombreuses statues occupent les niches des façades. Nous y retrouvons de nombreux héros ou dieux comme Hercule, Vénus ou Junon, Mars ou Jupiter, mais aussi Pluton. Cette statue de Pluton aurait perdu un doigt en 1849 à cause d’un boulet de canon français.

Mais on peut aussi parler du coup de canon qui a lieu sur le Janicule tous les jours à midi. Instauré le 1er décembre 1847 par Pie IX, ce cérémonial devait donner un repère unique pour synchroniser la sonnerie des églises. Il devait être entendu dans toute la ville. Tout d’abord dans la cour du château Saint-Ange, le canon fut déplacé en 1903 à Monte Mario puis sur le Janicule en 1904. Silencieux durant la seconde guerre mondiale, le canon reprit son tir à blanc journalier en 1959 lors du 2771e anniversaire de la fondation de Rome le 21 avril.

Avez-vous entendu les 21 coups de canon qui ont été tirés, toujours du Janicule, le 3 février de cette année ?
C’est la tradition à l’occasion de la cérémonie de serment du Président de la République Italienne. Cela existe depuis 1862 en Italie. L’origine ne serait pas italienne mais anglaise. En effet depuis les années 1600, lors d’un couronnement, chaque navire de la flotte devait tirer 21 coups de canon.
En France, nous avons le même rituel, 21 coups de canon, lors de la passation entre deux présidents de la République. L’origine est différente ! Sous l’Ancien Régime, 101 coups étaient tirés à la mort d’un roi et donc à l’arrivée de son successeur. Le général de Gaulle, en 1958, décida de garder cette habitude mais avec 21 tirs… « républicains ».

Texte Marianne Munoz