Le Vittoriano

Le Vittoriano

Le Vittoriano, complexe monumental au coeur de Rome

Plusieurs noms :lui sont attribués : le Vittoriano, Palais Impérial ou l’Autel de la Patrie ou encore monument à Victor-Emmanuel II, premier roi d’Italie de l’époque moderne qui accomplit le processus d’unification italienne parfois surnommé “Père de la Patrie”.
En vérité, il n’est pas rare à Rome d’en entendre parler comme “la machine à écrire” ! sans doute pour son aspect volumineux, imposant en marbre blanc avec les escaliers, qui font penser au clavier de la vieille machine à écrire ou pour son aspect architectural. On est loin de la Rome antique, chère aux romains, richesse unique de l’histoire de Rome.

Un aperçu de son histoire

Il a été construit par l’architecte Giuseppe Sacconi entre 1885 et 1911 pour célébrer les 50 ans de l’unité italienne en l’honneur de Victor-Emmanuele II en 1861 pour marquer la naissance du règne d’Italie. Construction difficile au milieu de nombreuses contestations, souvent justifiées, vu le bouleversement que cela engendra avec les démolitions considérables d’édifices et d’habitations privées, de rues historiques qui disparurent, de découvertes archéologiques définitivement disparues.

L’emplacement

Il fut décidé de le placer derrière la colline du Capitole où il fallut détruire tout le quartier médiéval avec les habitations et le jardin des franciscains qui faisait partie du couvent de l’Ara Coeli (où se trouve l’actuelle basilique de Sainte Marie in Aracoeli). Le monument devait être visible du Corso ou de la via Nazionale créée pour la liaison avec la gare Termini, à savoir au centre de la ville historique, face à la Piazza Venezia qui était modeste à l’époque et dut être élargie pour accueillir le complexe monumental Vittoriano.
Au-delà de sa construction liée à l’histoire, Rome connaissait à l’époque un élan de modernité avec l’objectif d’en faire une capitale européenne moderne comme Berlin avec la Porte de Brandebourg, Londres avec l’arche de l’Amirauté ou Paris avec l’Opéra Garnier et de dépasser l’urbanisme traditionnel de la Rome des Papes en donnant à la ville un monument classique, symbole de l’orgueil de la nation. Dans cette optique, Il fallait doter la ville d’infrastructures et d’édifices nouveaux. On pensa réaliser un centre administratif et politique en dehors du centre, projet que Mussolini fit construire dans le quartier de l’EUR mais la vie politique resta concentrée dans le centre.
Avec la chute du fascisme (1943) et la fin de la seconde guerre mondiale (1945), la République italienne fut proclamée par référendum et le Vittoriano retrouva sa fonction d’origine.

L’Autel de la Patrie fut réalisé en 1921 avec la mise au tombeau du soldat inconnu, tombé au front pendant la première guerre mondiale et enterré sous la statue de la “Dea Roma“  : sur la plaque commémorative une inscription en latin “Ignoto militi”, et deux dates MCMXV et MCMXVIII. La tombe est recouverte d’une couronne de laurier en bronze, entourée de deux braseros avec la flamme éternelle, gardée par deux militaires. En 1935, on décida de créer une petite crypte sous la statue équestre de Victor-Emmanuele II pour permettre au public de mieux voir la tombe du soldat inconnu.

Déclin et fermeture

Au cours du XX° siècle, le Vittoriano se dégrada petit à petit car les italiens ne le considéraient plus comme un symbole de l’identité nationale, refusant de participer aux célébrations par manque d’intérêt. Sans doute, en souvenir des démolitions de quartiers entiers au moment de la construction ainsi que celles sous le régime fasciste qui laissa un souvenir nostalgique (la Via des Fori Imperiali fut créée par Mussolini). Au début du XXI° siècle, il retrouva toute sa valeur symbolique.

Quelques détails de ce monument grandiose :

• L’autel de la patrie, avec la statue de la Dea Roma. Les bas-reliefs sculptés de chaque côté de la tombe du soldat inconnu où sont représentés les thèmes de l’industrie et de l’agriculture.
• Les statues des villes et une série de colonnes avec les 16 régions d’Italie
• Le thème central du monument en latin “Patriae Unitati- Civium libertati”
• Les fontaines des deux mers : à gauche l’adriatique avec le lion de San Marco (Venise) et à droite la mer tyrrhénienne avec la louve.
• Les quatre victoires ailées
• Les quadriges, chars antiques montés sur deux roues, attelés de quatre chevaux, à 80 m de hauteur
• Le langage des plantes sculptées : palmier (victoire)- chêne (force)- laurier (valeur, paix victorieuse), myrthe (sacrifice), olivier (paix, harmonie)
• Six grandes statues à la base représentant les valeurs du peuple italien comme la force, le droit, l’harmonie, l’action, la pensée, le sacrifice.

Le Vittoriano abrite aussi des musées historiques. La terrasse supérieure (avec ascenseur) offre une vue panoramique à 360 degrés de la ville éternelle.

Texte de Marion Simprez