LES OBÉLISQUES DE ROME
Pendant une balade dans Rome, on en découvre 1 puis 2 puis 3. Pourquoi autant d’obélisques ?
Découvrons leur histoire !

Rome est la ville qui en possède le plus au monde : 13 obélisques antiques.
- L’empereur Auguste dès l’an 10 avant J-C. a ramené des obélisques provenant de temples égyptiens.
- Dans la Rome pontificale, de nombreux obélisques ont été installés, entre autres selon la volonté du Pape Sixte V pour affirmer la puissance de l’Eglise.
- Il y eut enfin l’obélisque d’Axoum, éthiopien, ramené par Mussolini en 1930 puis restitué à l’Ethiopie en 2005.
Donc Rome a beaucoup d’obélisques tandis que Paris a celui de la place de la Concorde offert en 1830 par le vice-roi d’Egypte au roi des français en remerciement des travaux de Champollion et de Mariette sur le déchiffrage des hiéroglyphes. En retour, en 1845, Louis-Philippe offrira une horloge en cuivre qui orne la citadelle du Caire.
Quelle est la signification de l’obélisque ?
Le nom vient du mot grec qui signifie aiguille ou broche.
À l’époque des pharaons, il était considéré comme un symbole solaire, placé devant l’entrée d’un temple et orné de sculptures commémoratives.
Pour les Romains, ces gigantesques stèles de basalte avaient une signification symbolique due à leur admiration de la civilisation égyptienne mais aussi en guise de trophées de guerre et comme preuve de la force impériale. A l’époque, le nombre de divinités était déjà important mais ils adoptèrent le culte de dieux égyptiens comme Isis. Ils étaient tellement passionnés par les obélisques qu’ils en sculptèrent même en style égyptien !
Malgré les difficultés techniques énormes pour les rapporter et les redresser à la verticale, sur les 17-18 obélisques qui existaient, Rome en possède encore 13 !
Au Moyen- Age, ils furent abandonnés comme tous les édifices de l’Antiquité et c’est à partir de la Renaissance et surtout de la période baroque qu’ils redeviennent à la mode pour marquer la grandeur de Rome et de la religion catholique.
Quelques exemples parmi ceux que nous rencontrons dans nos balades :
1. L’obélisque de la place de Montecitorio
Sans doute le premier ramené par Auguste au Campo Marzio pour servir de gnomon (aiguille indicatrice) à un immense calendrier ou cadran solaire horizontal de 160 m de long (horologium d’Auguste) pour marquer les ombres du soleil et la durée des jours et des nuits.
Il s’écroula comme presque tous, autour du XIème siècle. Le Pape Sixte V (1585-1590) voulut récupérer les mille morceaux du monument mais y renonça. Seulement vers 1792, le Pape Pio V parvint à ériger de nouveau cet obélisque de 22 m ou 34 m avec le piédestal. Aujourd’hui il se trouve devant le palais du Parlement.
2. L’obélisque de Piazza del Popolo
Il provient de Héliopolis et date du règne de Ramsès II en 1300 av. J-C.. Il mesure 24 m de hauteur avec d’authentiques hiéroglyphes sur ses 4 faces. Il s’agit de l’un des premiers que l’empereur Auguste transporte à Rome en 10 av J-C. pour célébrer la victoire sur l’Egypte et décide d’en orner la spina du cirque Maximus à savoir le muret central qui séparait les deux sens de course de chars.
Puis il fut déplacé devant l’église Santa Maria del Popolo, lieu d’entrée des visiteurs venus du nord par la via Flaminia d’où son surnom d’obélisque flaminien.
3. L’obélisque de Trinità dei Monti (Trinité des Monts)
Cet obélisque provient d’Assouan et date de la période qui a suivi Auguste mais on ne sait pas qui l’a voulu. Ses hiéroglyphes copient ceux de l’obélisque d’Auguste situé sur la place del Popolo.
Ses mésaventures : d’abord il fut installé sur la spina de l’hippodrome dans les jardins de Salluste sur la colline du Pincio (la spina est le mur situé au centre de la piste autour duquel tournent les chars), puis on le retrouva brisé au XV°siècle. Le Pape Clément XII le fit transférer au Latran en 1733 et en 1789, Pie VI le fit déplacer et restaurer en haut des escaliers de la place d’Espagne pour le placer définitivement devant l’église de la Trinité des Monts .
À noter la fleur de lys qui termine la pointe de l’obélisque, symbole de la royauté française.
4. L’obélisque de Piazza del Vaticano en granit rose (le seul à ne pas s’être écroulé)
Il est ramené d’Egypte par Auguste mais il n’a pas de hiéroglyphes. En 37, Caligula le fit placer dans le cirque de Néron sur la colline du Vatican, cirque où de nombreux chrétiens furent martyrisés dont Saint Pierre en 64 ap. J-C.. C’est sur ce lieu que fut construite la première basilique chrétienne par Constantin et par la suite la basilique Saint Pierre.
Une histoire difficile : il fallut transférer l’obélisque de son lieu d’origine à la future place du Vatican.
Le Pape Sixte V (1585-1590) fit appel à Domenico Fontana en 1586 pour déplacer l’obélisque sur 260 mètres : un véritable exploit de génie civil avec 900 hommes, 160 chevaux, 37 jours pour déménager un obélisque de 25,5m de hauteur et 40 m entre base et croix.
Cet obélisque a une signification particulière dans la tradition chrétienne au centre de la place Saint-Pierre.
5. L’obélisque de Piazza San Giovanni in Laterano (Saint Jean de Latran)
Le plus ancien (XV° siècle avant J-C.) et le haut 45,70 m avec le piédestal et la croix. Egyptien aussi, il provient du temple de Karnak, en granit rouge avec des décorations, l’image du pharaon en haut et des inscriptions qui demandaient 35 ans de travail aux artisans.
Il fut transféré à Alexandrie par l’empereur Constantin (274-337 ap. J-C.) puis en 357 son fils Costanzo le fit acheminer à Rome. Opération difficile qui demande la construction d’un navire spécial pour le transporter jusqu’à Ostia puis le long du Tibre, pour l’installer enfin au cirque Maximus à côté de l’obélisque d’Auguste.
L’obélisque s’écroula un siècle plus tard et fut retrouvé seulement au XVI°siècle sous 7 m de terre et de boue, cassé en trois morceaux. Le Pape Sisto V demanda de nouveau à l’architecte Domenico Fontana de le restaurer en 1588, et de le placer sur la place de Saint-Jean de Latran.
6. L’obélisque d’Auguste
C’est évidemment l’un des premiers à être arrivé à Rome. Il provient du temple de Rê à Héliopolis (XIII°siècle av. J-C.) avec les inscriptions de Séthi 1er et de son fils Ramsès II.
Son histoire : érigé vers l’an 10 avant J-C. sur la spina du Cirque Maximus. En 1589, le Pape Sixte V demanda à l’architecte Domenico Fontana de le déplacer sur la place del Popolo. C’est celui qui a les plus beaux hiéroglyphes.
7. L’obélisque de Piazza Navona
Il est universellement réputé grâce à la célébrité de la place Navona et de la fontaine de Bernini (le Bernin). Il fut ramené d’Egypte sous Domitien (fin du 1er siècle) pour figurer devant le temple d’Isis, aux pieds du colle Oppio.
Au IV° siècle, l’empereur Maxence le fit transférer sur la Via Appia pour orner le cirque dédié à son fils Romulus. Puis il fut abandonné. Le Pape Innocent X Pamphili (1574-1655) le fit restaurer et ériger en 1651 sur la place où Bernini le plaça au centre de sa fontaine des Quatre-Fleuves ou des 4 continents. Il est surmonté d’une colombe, emblème des Pamphili.
8. L’obélisque du Pincio
Il est beaucoup plus modeste, seulement 9 m de hauteur, ramené au II°siècle par l’empereur Hadrien. En 1632, on le retrouve dans les jardins de Palais Barberini, puis du Vatican en 1773. En 1832, il est placé définitivement dans le parc du Pincio au-dessus de la place d’Espagne. Les hiéroglyphes sont romains !
9. L’obélisque de Piazza del Quirinale
Il est impossible de le dater, avec ses côtés lisses sans inscription. On ne connaît pas son origine. Est-il égyptien ou taillé par les Romains ? C’est en 1782 que le Pape Pie VI le place devant le Quirinale et le fait assembler aux sculptures de chevaux.
10. L’obélisque de l’Esquilino
Il a certainement été réalisé à l’époque de Domitien pour imiter les obélisques égyptiens et placé, comme celui du Quirinal à l’entrée du Mausolé d’Auguste. Après l’avoir retrouvé, le Pape Sixte V demande à Domenico Fontana de le placer derrière la basilique Santa Maria Maggiore.
11. L’obélisque de Piazza della Minerva
Il date du VIème siècle av. J-C. et se trouvait devant un temple dont le jumeau se trouve à Urbino sur la place” del Rinascimento”. On le découvre en 1665 dans les jardins du monastère de l’église Santa Maria Sopra la Minerva. Devant l’église, se trouve l’éléphant du Bernin comme symbole pour la glorification du Pape Alessandro VII. Il est possible de lire” L ’obélisque égyptien, symbole du soleil, est porté par un éléphant au septième Alessandro comme un don.
12. L’obélisque des Thermes de Dioclétien
L’obélisque des thermes de Dioclétien ou obélisque de Dogali ne mesure « que » 9 m de hauteur. Il fut taillé à Assouan. On sait peu de choses sur la date et où il fut placé : en 1887, il servit de monument aux morts pour les soldats italiens décédés à la bataille de Dogali, en Ethiopie, d’où le nom.
Il se trouve dans les jardins des anciens thermes devenus partie du musée national romain.
13. L’obélisque du Panthéon
Il remonte lui aussi à Ramsès II (1300 avant JC) et provient d’Héliopolis devant le temple du Dieu Râ. Il mesure 6 m de hauteur. En 1711, le Pape Clemente XI décida de le placer devant l’ancien temple antique romain qui est devenu l’église chrétienne.
Conclusion
L’histoire de ces obélisques est incroyable si l’on pense à l’empire romain qui, pour affirmer sa gloire, n’a pas hésité à affronter de nombreuses difficultés pour parvenir à les transporter par bateau, construit exprès, à réussir à les ériger et même à les déplacer.
Le Pape Sixte V a joué un rôle essentiel. Il a redessiné le plan de la ville en demandant à l’architecte Domenico Fontana de les restaurer, de les déplacer d’un endroit à un autre, de les redresser pour les placer sur les plus belles places de Rome. A partir de là, il fit mettre une croix au sommet et imposa le baptême chrétien.
Mais sont aussi incroyables les deux colonnes de l’Antiquité romaine : celles de Traiano et de Marco Aurelio :
- La colonne Traiana se trouve sur le forum Traiano, érigée de 107 à 133 par l’empereur Traiano pour immortaliser ses campagnes militaires contre la Dacia (aujourd’hui Roumanie). Elle mesure 40 m de haut avec au sommet la statue de Saint Pierre (voulue par le Pape Sixte V) !
- La colonne de Marco Aurelio (Marc-Aurèle), voulue par son fils Commode, a été réalisée entre l’an 180 et 192 ap J-C., après la mort de l’empereur pour célébrer les victoires des guerres sur les Germains et les Sarmates (c’est- à- dire à l’est de la République Tchèque).
Elle mesure plus de 29 m et se trouve au centre de la place Colonna. Le monument est entièrement couvert de reliefs sculptés dans le marbre et ressemble à la colonne de Trajan. Au sommet se trouve la statue en bronze de Saint Paul commandée par le Pape Sixte V (ajoutée en 1589).
Ces deux colonnes sont extraordinaires pour les décorations en marbre par panneaux enroulés en torsade illustrant en relief les guerres, les victoires, les soldats et les ennemis.
Alors faites un parcours pour découvrir tous ces obélisques… vous pouvez finir à l’EUR pour voir les très modernes obélisques de Marconi érigé en 1959 pour les jeux olympiques de 1960 et celui de Pomodoro inauguré en 2004 devant le Palazzo dello Sport.
Bonne balade
Texte de Marion Simprez
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