Florarium : en février, les Primevères et le Mimosa

Février est là… quelques semaines encore et ce sera l’explosion du printemps que nous attendons tous, en jaune sonore pour faire fuir la grisaille, en jaune claquant comme le mimosa que rien n’arrête, en jaune joyeux comme la primevère que proposent déjà les fleuristes, la primevère, ce “coucou” à l’avant-garde du printemps !

Oui, la primevère, première partout !
Primula en italien, primerose en anglais, Primel en allemand, primavera en espagnol…
Nous connaissons tous la primula aucalis, la primevère acaule, sans tige, celle des jardins, et la primula veris, la primevère officinale des prés et des sous-bois aux corolles pendulaires sur tige, le coucou.
Ce sont des primulacées, ce qui n’est pas pour nous étonner…
Emblème de la première jeunesse, c’est une plante vivace bénéfique aux propriétés médicinales, qui combattrait la fièvre et la migraine ; quant au vin de primevères ( fleurs macérées dans du vin blanc), il assure, dit-on, une bonne circulation.

Ce qui est sûr, c’est que la plante est entièrement comestible : les racines pour une tisane au goût anisé, les feuilles qui peuvent agrémenter une salade ou une soupe, et les fleurs si gaies, jaunes évidemment, mais aussi bleues, rouges, blanches ou roses ; elles sont du plus bel effet dans vos salades vertes, ou piquées sur un gâteau au moment de servir. Pourquoi pas sur une tarte aux fraises ?

Et candites, les fleurs de primevère sont un délice !
Si vos primevères ont survécu à l’hiver dans les jardinières de votre balcon, multipliez-les en février : c’est le moment où la rosette centrale s’enrichit de rosettes latérales qu’il suffit de détacher avec précaution, en laissant quelques racines à la nouvelle plantule. Mise en terre à mi-ombre, sous un arbre ou au pied des hortensias qui la protègeront l’été, elle va prospérer et refleurir chaque année.

Rappelez-vous juste de supprimer les fleurs fanées pour encourager la floraison des boutons !

Tout aussi fidèle, jaune et brillant comme un jeune soleil, le mimosa explose en février, illuminant les parcs et les jardins romains.
Incroyable mais vrai, le mimosa “acacia dealbata “  (c’est-à-dire “d’une candeur non blanche”) nous arrive de… Tasmanie au début du XIX ème siècle, et conquiert très vite Sicile, Toscane, Riviera ligure, Côte d’Azur, et tout le pourtour méditerranéen dont il protège les côtes en coupant le vent.

Le mimosa est une plante pionnière, un arbre exceptionnellement robuste et vital. Dans sa terre d’origine aux antipodes de la nôtre, les Aborigènes utilisaient ses propriétés curatives.
Symbole de renaissance, le mimosa nous enchante en nous offrant le premier parfum du printemps et ses fleurs vibrantes dont nous raffolons, grappes de fleurs-poussins intensément jaunes, et duveteuses, et suaves , que nous humons avec délice, la joue chatouillée par la caresse argentée de ses fleurs-plumes…

"Ô temps suspends ton vol !"
Du reste, le nom du mimosa viendrait de l’espagnol “mimar”, caresser.
On comprend que les abeilles volent faire leur miel de ce miraculeux nectar !
Au cours des années cinquante, le mimosa a été choisi par deux femmes partisanes pendant la deuxième guerre mondiale, Teresa Mattei e Rita Montagnana, féministes membres de l’UDI (Unione donne italiane), pour accompagner la “Journée internationale des Droits de la Femme”, le 8 mars.

Cherchant une fleur facile à trouver dans les campagnes, elles ont préféré le mimosa à la violette, plus rare et plus chère, car le mimosa exprime bien la force, l’éclat et l’énergie des femmes. Voilà pourquoi on en offre le 8 mars, même si, à cette date, il est parfois déjà en fin de floraison.

Le mimosa est une fleur inspirante !
Pour les poètes et les peintres, Renoir, Monet à Giverny, Matisse, Bonnard, Chagall…,

mais aussi… pour les pâtissiers et les barmen ! Le cocktail “Mimosa”, champagne et jus d’orange” fut inventé à Paris au Ritz en 1925, et la “torta mimosa” est une recette italienne bien connue, préparée pour célébrer le 8 mars, ou la fête de Pâques : c’est la génoise émiettée sur le gâteau qui lui donne l’aspect duveteux et la couleur de la fleur.
Voilà un menu pour février, vous savez préparer les œufs mimosa, et vous avez l’apéritif et le dessert !

Avec en prime un court poème de Pablo Neruda :
J’allais à San Geronimo
sur le port
presque endormi
quand
en plein hiver
une montagne
de lumière jaune
se dressa sur la route et tout
fut envahi de parfum.
C’était un mimosa.

Texte de Nicole Allegra