Florarium : en octobre, l’Astrée
Astrée, déesse grecque, la dernière des Immortelles à quitter la terre par la faute des humains corrompus et immoraux, Astrée donc, le cœur brisé, pleurant sur la perte d’un monde vertueux, monte au ciel où elle prend la forme de la Constellation de la Vierge. Ses larmes tombant au sol font jaillir de magnifiques fleurs en étoile , les asters !
Même si en Italie on les appelle "settembrini", les asters fleurissent juste après l’équinoxe, au moment où le jardin renaît après l’été.
La plante appartient, on s’en serait douté, à la famille des Astéracées (Linné 1735).
Elle est rustique, vivace, facile à cultiver, et se couvre de fleurs innombrables qui ressemblent à de petites marguerites, pour le bonheur des abeilles, des papillons et des insectes pollinisateurs : ils adorent butiner dans cette profusion de fleurs aux corolles délicates et aux couleurs vibrantes, du blanc au bleu pâle, du rose au pourpre, du mauve au violet soutenu, épanouies en coussins bas dans les rocailles, ou en hauts buissons compacts qui dépassent le mètre de hauteur dans les massifs et les mixed borders.
Une plante facile à vivre, à semer au printemps, ou mieux encore, à multiplier en divisant les touffes, ce qui stimule les floraisons et fait plaisir aux amis : plus on en offre, plus il y en a, c’est miraculeux !
Sì vous en voulez, je vous en donnerai.
Il faut juste rabattre les tiges sèches en fin de saison, et vous retrouverez vos fidèles asters l’année suivante.
Il faut dire que l’aster met plusieurs mois à s’ouvrir, car si, dès le printemps, il sort ses nouvelles pousses, les boutons ne s’ouvriront pas avant l’équinoxe d’automne. Il lui faut du temps. C’est peut-être pour cette raison que cette fleur est chargée d’un symbolisme lié à la patience, à l’intuition et à la sagesse. L’aster, boussole morale ! Sa grâce élégante et sa délicatesse nous rappelle avec douceur que la force se trouve aussi dans les formes les plus fragiles.
La médecine chinoise l’associe à la découverte de soi, à la croissance spirituelle ; elle en utilise les racines moulues pour traiter les affections respiratoires.
En Amérique du Nord, les Amérindiens se servaient des différentes parties de la plante à des fins culinaires ou médicinales, ou encore dans des rituels religieux de protection, de guérison et de spiritualité.
En peinture, Van Gogh ajoute des bouquets d’asters vibrants à côté des iris. Georgia O’Keefe les peint à sa manière, en gros plan.
En poésie, Virgile les mentionne dans les Géorgiques (livre IV, vers 271-280).
L’aster a inspiré Emily Dickinson, Anna de Noailles, et bien d’autres, comme Alexandre Soumet (1788-1845) dont je vous livre ces vers :
"D’un vol plus languissant, le beau cygne éthéré
Sur les fleurs de l’aster brille et plane enivré,
Et se plaît à mêler dans la nuit printanière
Aux baisers de parfum les baisers de lumière
Et la terre complice abandonne sans voiles
Son firmament de fleurs au firmament d’étoiles "
Les asters, firmament de fleurs !
Texte de Nicole Allegra
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